La mer noire et l’histoire grecque

La mer noire et l’histoire grecque. Un pèlerinage dans les colonies grecques anciennes, un voyage au Pont Euxin sur les traces de l’hellénisme.

 

 

 

 

 

Le Pont Euxin est le nom de la mer noire dans l’antiquité. Je voudrais témoigner de la longue présence pontique grecque aujourd’hui dans six pays, en Turquie, en Géorgie, en Russie, en Ukraine, en Roumanie et en Bulgarie.

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a déjà 20 ans en juin, du Pirée, avec mon époux et un couple d’amis grecs, nous arrivons en motos à Chios et ensuite nous prenons un ferry pour Tsesmé. De cette ville, nous faisons 600 kms environ et nous arrivons à Ankara, la capitale de la Turquie, pour s’y reposer dans un petit hôtel. Le matin de bonne heure, nous voilà partis pour l’ancienne capitale du royaume du Pont Euxin, à 370 kms encore plus à l’Est.

 

I. La jolie ville d’Amasya (ou Amasée, photos plus bas) . La 1ere ville du royaume du Pont au 2e sc av. J.C (les royaumes Mithridates) . C’est la ville du célèbre géographe grec Strabon. Jusqu’au début du 20e sc, il y avait 150.000 Grecs, 390 églises et 325 écoles. Mais entre 1921 et 1923, les néoturcs ont fait en sorte à ce que l’hellénisme pontique soit complètement déraciné. Pour en revenir sur nôtre visite, en une journée, pour avoir une meilleure idée de l’histoire de la 1ere ville du Pont, nous avons vu les tombes des Mithriadates (330 – 44 av.J.C), le musée archéologique et les habitations traditionnelles ottomanes au long du fleuve Iris et le château de la ville (contruit par les Hittites -2e millénaire av. J.C).

 

 

 

 

 

 

La ville de Samsun (ou Amissos en Grec). Nous faisons autour de 100 kms et nous arrivons dans la ville de Samsun toujours en Turquie. C’est la plus grande ville autour de la mer noire. Samsun fut une ville où la communauté grecque comptait environ 7.000 habitants (1/3 de la population de la ville). Je n’ai retrouvé aucune trace de l’histoire grecque. Tout est perdu sous le ciment des immeubles turcs disgracieux.

Le début de la fin pour les Grecs de Samsun a lieu le 19 mai 1919  quand, au port de la ville, débarque Kemal Ataturk, dans le but de mettre en place l’armée turque qui devra chasser à jamais les populations chrétiennes ou non-musulmanes de l’Asie Mineure. La suite fut malheureusement catastrophique pour l’élément grec local. Les tortures, l’exil et les exécutions attendaient les Grecs de Samsun, lesquels furent sauvagement arraché à la terre pontique. Nous avons à ce moment là, un véritable génocide pontique avec le massacre de plus de 300.000 Grecs.

II. Trabzon (ou Trézibonde en Grec). Nous faisons un peu plus de 300 kms toujours en moto et en Turquie. La ville est fondée par les Grecs au 7e sc av.J.C. Nous décidons de rester deux jours dans cette ville pour voir l’Eglise impériale byzantine de Ste Sophia avec ses superbes peintures murales (une partie de l’église est devenue mosquée), les murs des Komninons (empereurs byzantins) dans la vieille ville, la belle demeure néo-classique du banquier grec Konstantinos Kapagiannidès (devenue ensuite domicile d’Ataturk), l’Eglise de Théotokos Chryssokefalou (en Grec, signifiant Mère de Dieu à la tête dorée -aujourd’hui téménos de Μehmet II Fatih, 2 photos en bas à gauche-) et l’Eglise d’Aghios Eugénios (aujourd’hui mosquée, photo en bas à droite). Ces monuments constituent la chaîne entre la ville d’aujourd’hui sans couleurs et l’histoire glorieuse de l’empire byzantin des grands Komninons (empereurs grecs byzantins 1204-1461)

 

Pèlerinage au monastère de la Vierge Soumela (grande photo tout en haut). Nous allons enfin voir le célèbre monastère de la vierge Marie à Soumela, le symbole de tous les Grecs expatriés du Pont. Nous traversons une montagne bien boisée de 45 kms au sud de Trazbon…. magnifique expérience dans cette nature divine. Le monastère est carrément construit sur un versant du Mont Mela avec vue sur la vallée Altindère et il accueille chaque année des centaines de pèlerins grecs qui viennent là-bas pour ressentir toute la grandiosité de l’espace sacré et pour témoigner de leur foi chrétienne dans ce plus grand monument religieux du Pont Euxin.

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III. De Géorgie, en Russie et puis en Ukraine. Nous nous dirigeons vers la frontière géorgienne. Nous avons 200 kms à faire. Nous arrivons dans la ville portuaire de Batumi, à 15 kms de la frontière.  On arrive en Colchide, là où seraient passée les Argonautes à la recherche de la toison d’or. Nous trouvons un bateau qui fait la ligne Batumi-Sotchi en naviguant sur la côte d’Abkhazia. Nous quittons donc la Géorgie plus vite que prévu. En Russie, nous sommes passés par les deux grandes villes de Krasnodar et Rostov-sur-le-Don.

Nous nous dirigeons vers Kiev. Kiev, capitale de l’Ukraine, est la ville du grand prince Vladimir 1er des Rous. En 988, il se fait baptiser chrétien à Cherson en Crimée,  se marie à une princesse grecque byzantine et le Christianisme s’étend pour rester de manière permanente dans toute la Russie. Nous avons visité les quatre grandes églises de la capitale, celles de Sainte Sophie, de St André, de St Michel et le monastère Laura des grottes aux dômes dorées. Des visites envoûtantes mais nous n’oublions pas notre but, celui de nous rendre à Odessa.

Odessa et la Filiki étairia. C’est la 4e plus grande ville d’Ukraine et le plus grand port du Pont Euxin. C’est une ville liée à l’histoire de l’Hellénisme, puisque les Grecs y ont fondé la Filiki Etairia ou Société des Amis comprenant des idées de la Revolution américaine puis française. Cette organisation fondée par Nicolas Skoufas, Emmanuel Xanthos et Athanase Tsakalof joua un rôle crucial dans la préparation de la guerre d’Indépendance grecque de 1821 contre le joug ottoman de 400 ans (1453-1881). La ville portuaire d’Odessa doit son nom de l’ancienne Milet. L’histoire d’Odessa est étroitement liée à l’élément grec dans la région dès le 19 siècle. La 1ere chose que j’ai donc faite, c’est d’aller voir le Musée de la Filiki Etairia (photo plus bas à droite) qui est abrité dans la demeure renovée du commerçant et politicien d’origine grecque Grigoris Maraslis (élu 4 fois maire d’Odessa). Et puis, on visite Odessa, ville baignée de mémoires historiques et d’images nostalgiques d’un passé relativement récent. Je suis allée sur le boulevard ombragé de Prymorsky avec ses superbes maisons néoclassiques. Odessa est une ville d’une beauté poétique et très romantique. Greek square (photo plus bas).

En Roumanie à Constanta via la Bulgarie. Nous nous dirigeons vers le côté ouest de la mer Noire. Nous prenons un bateau d’Odessa pour Varna en Bulgarie.  Varna est le port le plus important de Bulgarie sur la mer noire et la troisième plus grande ville bulgare. Elle constitue la suite de l’ancienne Odessa. Nous sommes allés voir la cathédrale de la Dormition de la Vierge (Koimissi tis Théotokou) et le centre.

Νοus allons à Nessebar (l’ancienne Messimvria) et nous découvrons ce superbe endroit dont l’architecture traditionnelle est préservée et cataloguée depuis 1983 à l’UNESCO. Cette ville m’a fait pensé à Monemvassia au Péloponnèse en Grèce, en micrographie bien sûr. Une ville digne d’émerveillement avec son côté pittoresque, ses grandes plages, ses murs et ses églises byzantines dont celles du Christ Pantokrator (du 13e sc), de St Jean Alitouryitos (14e sc) et de Ste Sophia (photos respectives plus bas).

 

 

 

 

Nous allons ensuite à Bourgas, toujours en Bulgarie. Ce n’est pas une ville qui m’a émue mais j’ai pensé à son histoire. Au début du siècle, en 1906, il y avait 10.000 Grecs (le 1/3 de la population de la ville). Malheureusement, jusqu’en 1925, comme tous les Grecs des Balkans, ils sont petit à petit devenus des réfugiés et ils ont du s’installer en Grèce, suite au Traité de Neuilly. Nous arrivons à Sozopol, tout près. C’est la ville de l’ancienne Apollonia. C’est une belle ville bâtie sur les limites d’une pittoresque péninsule. Sozopol est aussi bien préservée… ville remarquable.

Nous nous dirigeons ensuite toujours en moto vers la Roumanie. Nous arrivons à Constanta, le port principal de la Roumanie sur la mer noire. Cette ville a été fondée par la ville de Milet pendant la 2e vague des colonies grecques (6e sc av.J.C). Bien après, le nom de Constantiana lui est donné par l’empereur byzantin Constantin 1er (274-337) en l’honneur de sa sœur Constantia. A la fin du 19e sc, sur les 10.000 habitants de la ville, on comptait 2.500 Grecs. De 1903 jusque dans les années 30, beaucoup de Grecs arrivent de Bulgarie (villes d’Anchialos, Messimvria et Sozopoli) car ils y ont été chassés suite aux guerres balkaniques. Aujourd’hui, il y a autour de 1.500 Grecs à Constanta. Nous avons un peu visité la ville dont son superbe casino abandonnée au bord de la mer.

Mon expérience : Notre voyage se termine à Constanta. Nous arrivons en Grèce après 16 jours de voyage, rempli de bons souvenirs. Les Grecs avaient une longue histoire tout autour de la mer noire et nous sommes contents de l’avoir vue par nous-même. Nous imaginons l’amertume de tous ceux qui ont du s’expatrier des merveilleuses villes que nous avons visitées. Je me souviens d’un vieux Grec que j’avais rencontré à Odessa et qui m’a dit ces mots en laissant une larme couler sur son visage: “C’est le souvenir qui fait encore exister les villes grecques… mais si on oublie, on perdra à jamais nos patries“.  Nous avons remarqué que les Grecs étaient particulièrement ambitieux et innovants, économiquement parlant. Ils ont apporté prospérité jusqu’en 1925, leur culture, leur religion chrétienne orthodoxe sans n’avoir jamais eu l’idee de l’imposition. La culture grecque était si forte et si riche qu’on en a ses traces partout : églises byzantines, centres commerciaux des villes, fabriques, architectures néo-classiques etc. Les pays qu’on a visités semblent fiers de montrer l’influence grecque finalement d’une beauté richement bien humaine.

Avez-vous déjà visité les villes que j’ai décrites lors de mon voyage ? Quels ont été vos sentiments en les visitant ?

 

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One thought on “La mer noire et l’histoire grecque

  1. Bonjour
    J’ai beaucoup apprécié votre témoignage compte rendu sur les grecs pontiques et je vous en remercie
    Nous tournons depuis 4 ans en mer Egée sur notre voilier. Qui nous a amenés cet été en mer de Marmara puis à Kavala au nord de La mer Egée.
    Étant à Kavala, on est allé visiter l’arrière pays et en particulier DRAMA qui est essentiellement peuplée de descendants de grecs pontiques. Et dans un restaurant par hasard, nous avons été interpellés par de grandes photos anciennes au mur. Comprenant à demi mots qu’il s’agissait de villages côtiers de la mer noire.
    Connaissant très mal leur histoire j’ai aussitôt recherché sur internet des infos et la,.. je retrouve la falaise creusée que vous avez également photographiée et qui était dans mon restaurant, en version début du 20eme avec l’ensemble du village !
    Je voulais juste vous féliciter du témoignage que vous portez de l’immense douleur de ces populations qui ont souffert le martyr et accessoirement vous livrer ce hasard de pouvoir « recoller les morceaux » via photos
    Je tente de vous transmettre ma photo mais je ne suis pas sûr de réussir
    Je vous dis « bonne continuation » et merci !

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