La Syrie que j’ai aimée

“La Syrie que j’ai aimée” est bel et bien passée. Palmyra et les monuments Syriens avec toute l’histoire de la Syrie ne doivent pas être oubliés.

Je n’y suis pas allée mais mon beau-frère m’a transmis son amour pour ce pays de la côte orientale de la mer Méditerranée.

PALMYRA avant la guerre en Syrie 

 

 

 

 

 

 

A la mémoire de l’Archéologue martyr Khaled al-Assad. C’était le directeur des Antiquités pendant des années. L’âme de Palmyra, il l’a étudiée ; il l’a restorée ; il a dirigé les fouilles ; il a mis en place son musée. Visionnaire, pionnier et irremplacable. Il a pris sa retraite en 2003 mais il a continué à travailler pour sa Palmyra bien-aimée, à former les jeunes archéologues, à effectuer des fouilles sur ce site sans fin et dans les vastes nécropoles qui l’entourent. Tout ceci jusqu’au printemps 2015 où on apprit que la “Nymphe du désert”  allait devenir la nouvelle cible de l’organisation criminelle djihadiste de l’EIIS. Alors, lui, à ses 82 ans, il décida et entreprit de cacher les antiquités pouvant être déplacées. Il a enterré quelque part la fierté de la Syrie pour les générations à venir. Les forces de l’ombre sont arrivées le 21 mai. Le musée était vide. Le vieux Kaled était là. Il n’a pas accepté d’abandonner sa célèbre ville, la magnifique oasis avec ses prairies magiques et le désert coriace qu’il a aimés. Il l’ont arrêté, l’ont interrogé et l’ont torturé. Il ne parlait pas. Le mardi 18 août 2015, ils l’ont décapité devant le musée et ils ont suspendu son corps sur une des colonnes du plus grand portique de l’ancienne ville des caravaniers. Ne restons pas sur ce crime atroce mais parlons plutôt des valeurs défendues par cet homme ayant refusé de livrer les lois divines et humaines. Il s’est donné de toute son âme à Palmyra. Il l’a défendue avec son silence. Il l’a sanctifiée de son sang. Honneur et mémoire.

Mais quelles sont les traces grecques et chrétiennes sur sol Syrien ? Les traces remontent du 3e sc av.J.C. jusqu’au 4e sc après .J.C. Mille ans d’influence grecque macédonienne et chrétienne.

Après la bataille d’Ιssos, le millénaire hellénistique. En 333 av.J.C, la victoire d’Issos ouvre à Alexandre le conquérant les Portes de la Syrie, autrement dit celles du Moyen-Orient. C’est dans la Maison royale des Trésors de Damas que les Macédoniens ont vu pour la première fois les fabuleuses richesses des Achéménides. Ils n’ont jamais pensé qu’ils pourraient voir un jour Babylone, Suse et la ville même de Persépolis. La conquête grecque était un évènement monumental qui a fondamentalement changé les structures et les caractéristiques de toute la région, comme elle a modifié le caractère du monde grec. Le millénaire hellénistique, d’Issos jusqu’à la conquête islamique de l’Orient byzantin, s’est terminé politiquement entre 634 et 640. En 661, Damas est devenue la capitale du caliphat infini. L’autorité islamique a cependant hérité d’une tradition très longue et très riche. Elle l’a adoptée et, tout doucement, elle l’a adaptée aux besoins de la nouvelle époque, en développant une civilisation qui a honoré (et qui, dans pas mal de cas, a mis en avant) l’investissement byzantin et hellénistique. De la méditerranée jusqu’à l’Euphrate, ces racines constituent la chose la plus sacrée de la mémoire collective jusqu’à la chute des empereurs après la 1ère guerre mondiale. En Syrie, ils ont tenu jusqu’au 21e sc.

La Grande Mosquée de Damas avec ses superbes mosaϊques des années 710-14 dans sa cour intérieure, ses colonnes byzantines et son reliquaire qui sauvegarde la Tête de St Jean le Baptiste ; c’est un grand pèlerinage des Musulmans dans la mosquée constituant l’expression grandiose de l’évolution du monde qu’ont fondée les rois Séleucides. C’est ce monde qu’ont fixé et qu’ont réorganisé les Romains. Il a été enrichi par les Byzantins qui lui ont donné un sens spirituel plus élevé.

 

 

 

 

La Porte protobyzantine de Paul/ Bab Kisan. C’est la Porte nord-est de Damas intra-muros. Elle est décorée de deux grands christogrammes, le X et le P rappelant à tous l’esprit oecuménique de la Syrie. La porte a pris son nom de cette tradition qui dit que le néophyte Paul, chassé par les Romains, s’est échappé par une ouverture au nord de la forteresse. Sur son chemin vers Damas, l’hébreu Saoul (Paul)  avait entendu une voix du Seigneur et il fut ainsi “éclairé” (acceptation de la nouvelle foi). C’est à l’intérieur de la Porte que se trouve la chapelle de Paul, laquelle est entretenue par une communauté de Grecs catholiques. C’est une des nombreuses Eglises de l’Orient, de ce monde ancien et complexe avec ses maintes particularités. A Damas, à la période protobyzantine, il y avait des dizaines de lieux saints. Ils ont tous été respectés par les Compagnons du Prophète quand ils ont pris la ville en 634 ou 635. C’était la première cité byzantine qu’ils avaient conquise et ils voulaient transmettre dans tout l’Orient que n’importe quelle ville leur capitulant sans conflit jouirait d’ une administration faite de privilèges. Mais là, les Byzantins avaient bien résisté. Le général guerrier Walid ibn Al-Walid a décidé de fermer les yeux sur le fait. On entendit alors, pour la première fois, le “symbole islamique”, à partir duquel tout l’Orient chrétien vivrait, ceci dans le cadre de la gouvernance islamique, pendant des millénaires.   

Le “symbole” islamique de la coexistence

“Au nom d’Allah, du bienfaiteur, de l’aumônier, quand les Musulmans entrent dans Damas, que ses habitants sachent qu’ils auront assuré leur vie, leurs propriétés, les mosquées et les murs de leur ville laquelle ne subira aucune destruction. L’armée restera à l’extérieur des murs. C’est cette garantie qu’on donne au nom d’Allah, du Prophète, du calife et de la Communauté musulmane de laquelle les Damascènes ne verront que du bien, à condition qu’ils paient la “jizya”. La tzizia est une taxe spéciale supplémentaire que payaient les Infidèles (les non-musulmans)  alors que le Kharaj était la taxe que tout le monde payait. Non seulement les conquérants ont gardé leur symbole dans son intégrité mais ils ont laissé tous les officiers byzantins à leur poste. Dans le cas contraire, la cité n’aurait pu être gouvernée. Depuis, selon les conjonctures politiques, il y a eu des périodes où régnait l’intolérance. Mais la Syrie au sens plus large était par excellence le lieu de coexistence pacifique et de respect mutuel entre les Musulmans et les Chrétiens. La situation changea très vite après le printemps 2011, lorsque le pays se rendit à la catastrophe.  

Le Patriarcat grec-orthodoxe d’Antioche .

L’Eglise d’Antioche fut fondée dans la ville antique de Syrie par les apôtres Pierre et Paul. Elle est considérée comme étant la plus ancienne Eglise du monde, après l’Eglise de Jérusalem, et elle est associée au tout début de son histoire avec de grandes personnalités de la Chrétienté dont Jean Chryssostome.  Après la conquête islamique de l’Orient, entre 634 et 641, les patriarcats d’Antioche, de Jérusalem et d’Alexandrie ont été séparés politiquement de Constantinople. Ils ont été insérés au Califat mais ils ont continué de faire partie d’un secteur important du monde grec-orthodoxe et puis, ils ont pris des caractéristiques ethnarques. Le Patriarcat d’Antioche est le seul à ne plus se trouver en son siège historique. Il s’est retrouvé d’Antioche/Antakya à Damas au 14e sc. Il se trouve au centre de l’ancienne ville, dans le complexe protochrétien de Marie mère de Dieu / Mariamite où on peut voir des établissements d’enseignement et de charité. L’Eglise patriarcale de la Dormition fut construit en 1867.

La langue officielle de l’Eglise d’Antioche jusqu’au 19e sc, c’est le grec. Suite à un long combat et à de nombreuses interventions de la part de la Russie tsariste, l’arabe à un haut degré remplace le grec. La juridiction ecclésiastique du Patriarcat s’étend au Liban, en Syrie, en Irak, au Koweït, aux états de la Péninsule Arabe et au sud de la Turquie Asiastique (avec, pour centre, la région d’Antioche et le port d’Alexandrette / Iskenderun). Dans cette grande zone, elle détient 13 archevêchés et métropoles, ainsi que quelques-uns des plus anciens monastères de l’Orient. En 1988, le Patriarche Ignace ΙV a fondé l’Université de Balamand (UOB), un établissement d’enseignement important où on trouve l’Institut de théologie Saint-Jean-de-Damas. Il se trouve dans le monastère de Balamand (sur le côté nord-ouest du Liban, près de Tripoli). Depuis 2012, le Patriarche de la Grande ville de Dieu, d’Antioche, de Syrie, d’Arabie, de Cilicie, d’Ibérie et de Mésopotamie et de tout l’Orient, c’est Jean X d’Antioche. Le territoire antiochien a des frontières communes avec le Patriarcat oecuménique du Nord et avec le territoire du Patriarcat de Jérusalem au Sud. 

La Basilique St Siméon le Stylite.

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est sur un superbe promontoire que s’est construite la grande église de St Siméon. Un édifice immense dont les murs qui penchent mais qui tiennent encore debout laissent l’homme bouche-bée d’admiration. Cet édifice est bâti autour de la colonne du Saint et il a le même aspect exotique que le temple de Baalbek (au Liban). Ce n’est pas vraiment un édifice mais plutôt pas mal de bâtisses liées entre elles ; une cité entière. A part l’église, il y a de vastes bâtiments qui pouvaient recevoir des milliers de pèlerins : le monastère avec nombre de cellules, le baptistère, des auberges, des cours, des sources d’eau, des citernes etc.

 

Cela nous fait encore tourner la tête de voir les ruines. Imaginez donc ce qu’était cette oeuvre aux belles formes faite avec art à la période où elle était encore intacte. Pour être construit en si peu d’années, des milliers d’ouvriers, de maçons, de maîtres-maçons, de forgerons, de menuisiers, de sculpteurs sur marbre et tout autre type de techniciens ont dû travailler. La Basilique de St Siméon est pour sûr le chef d’oeuvre de l’architecture Syrienne et sa grandiosité est supérieure à n’importe quel autre bâtiment de la chrétienté, à part Ste Sophie (de Constantinople). On peut dire que la basilique de Saint Siméon le Stylite présente la foi profonde et inébranlable de l’Eglise aux mesures de l’Orient.

A l’époque où a été bâti l’édifice, la colonne se dressait au milieu de l’église. Aujourd’hui, on ne retrouve plus que sa base, toute creusée elle-aussi par cette manie qu’ont les pèlerins de prendre des morceaux de marbre en guise de porte-bonheurs. …Tous les bâtiments sont décorés de marbre gravé et sont faits de grandes pierres taillées grossièrement au début. Il y avait vingt-sept portes qui menaient toutes au bêma de la grande basilique. ...Le gouvernement de Syrie a décidé d’entretenir et de conserver les ruines, en les éloignant de la terre et des pierres accumulées parmi elles et ce travail est supervisé par Selim Beys Abdullah. Ce grand travail se termina en 1959, année où les Syriens fêtaient les 1.500 ans depuis la mort de Saint Siméon, avec des messes et de grandes cérémonies. Des milliers de pèlerins sont venus pour ces fêtes, et pas seulement des Chrétiens de toute tribu et dogme mais aussi des Musulmans qui sont venus vénérer St Siméon le Stylite, avec le même respect et admiration”.

Source : Trad. Exposition “The Syria I loved” du 12 mai au 29 octobre 2017 à Volos, en Grèce. Site apan.gr.  Marianna Koromila et certains de ses membres ont régulièrement voyagé de 1999 à 2009 en Syrie

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