Pourquoi les Grecs cassent ils les assiettes ? Briser des assiettes en Grèce, c’est chasser les maux intérieurs et la colère, c’est se défouler et montrer qu’on veut faire la fête. En jetant l’assiette, on dit “Opa !”
Aujourd’hui, on casse les assiettes en Grèce dans les “centres de divertissement” (traduit du Grec Κέντρο διασκέδασης) ou “Bouzoukia” où un chanteur ou une chanteuse grecque interprète des chansons populaires. Les assiettes sont en plâtre et ne coupent pas. Dans ces centres, le fracassement sur le sol des assiettes s’effectue en signe d’admiration devant un chanteur ou une chanteuse. C’est également un moyen de se libérer des tensions quotidiennes diverses que subit le Grec (crise, stress, contraintes familiales etc.).
Le Grec a de plus un tempérament méditerranéen si chaud et si vif qu’on n’est pas étonné qu’il jette des objets par terre. Dans les fêtes, mais pas seulement… lors des soirées de mariage, j’ai souvent vu des tables entières se faire déblayer d’un coup de bras ou d’un retrait de la nappe sur la table ! C’est un geste déraisonné de l’homme grec certes mais généralement avec de bonnes intentions, lesquelles déclenchent souvent et tout simplement la danse.
Histoire des assiettes cassées :
En Grèce, on commence à jeter des assiettes par terre dès 1930, dans les petits cafés marginalisés des grandes villes, quand les réfugiés Grecs d’Asie Mineure arrivent en Grèce continentale avec une nouvelle musique, le Rébétiko. Cette musique relate la vie frauduleuse et difficile de certains nouveaux venus n’arrivant pas ou ne voulant pas s’intégrer au système existant de la vie en société . On jette tout ce qu’on trouve devant soi, verres, bouteilles, assiettes, ayant plus ou moins bu, afin d’oublier ses problèmes.
Puis après la guerre 40, le concassement des assiettes réapparaît vraiment dans les années 60, avec Onassis et l’apparition des Bouzoukia. On casse les assiettes même dans les films pour entamer une fête insouciante. Casser les assiettes devient alors une tradition. Cette habitude était plus ou moins dangereuse et puis pendant la dictature de 1967-1974, elle est interdite.
Onassis dans un centre de divertissement
Film “Jamais le Dimanche” de Jules Dassin avec Mélina Mercouri, 1960. Oscar de la meilleure musique de film 1961
La tradition se restreint dans les Bouzoukia de Grèce mais aussi dans les Bouzoukia ou restaurants Grecs des grandes villes du monde. A Paris, au Quartier Latin, rue de la Huchette, prenez en goût un soir.
Cependant en Grèce au lieu de jeter des piles d’assiettes, on jette maintenant plutôt des pétales de roses ou des oeillets notamment sur les pistes des chanteurs. C’est en effet moins dangereux mais tout aussi impressionnant…
La chanteuse Kaity Garbi
Aimeriez-vous vous aussi casser des assiettes un jour ?
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Un petit complément sur cette question de la “casse des assiettes”. Il y a un élément qui n’a pas été dit : dans le sommet de la fête, casser une assiette ou plusieurs c’est dire aussi que “demain est un autre jour”… aujourd’hui on fête, et on le fait comme si c’était le dernier jour de notre vie, on fête VRAIMENT ! Et demain,… et bien, on verra bien, ce qu’il s’agit de faire !
Si cela est porteur d’une certaine symbolique épicurienne, à un moment ça a pris une tournure excessive, “m’as-tu-vu” de la part d’une génération de “nouveaux riches” exhibitionnistes… puis, il y a eu l’exploitation “touristique” symbolique de cet acte mais qui n’a finalement pas survécu à plus d’une génération, avant de prendre d’autres formes plus “raisonnables”, plus “élégantes” et moins dangereuses (jet de pétales de fleurs…).
Merci de votre attention.